Immigrés, réfugiés ou envahisseurs :
les barbares et
la chute de Rome
Immigrés, réfugiés ou envahisseurs :
les barbares et la chute de Rome
En 376 après Jésus-Christ, une foule de Goths arrive sur les bords du Danube qui marquait alors la frontière entre l’Empire romain et le monde barbare. Aussitôt, les Goths dépêchent des représentants auprès des autorités romaines. Que voulaient donc ces barbares ? Mais l’asile politique bien sûr ! Si l’Histoire ne se répète jamais, il arrive qu’elle bégaye parfois selon la belle formule de Maurice Druon.
Une conférence de Laurent Lanfranchi, historien et directeur de Terra Nobilis.
Les places étant limitées, l'inscription aux conférences est nécessaire via le site Eventbrite, lien ci-dessous :
Par courriel : laurine.sandoval@terranobilis.com
ou par téléphone au 03 90 41 05 18
Mardi 31 janvier
à 18h
ATTENTION CHANGEMENT DE LIEU !
Rendez-vous au Club de la Presse
10, place Kléber _ 2e étage
à Strasbourg
Tarif : 10€
Immigrés, réfugiés ou envahisseurs : les barbares et la chute de Rome
En 376 après Jésus-Christ, une foule de Goths arrive sur les bords du Danube qui marquait alors la frontière entre l’Empire romain et le monde barbare. Aussitôt, les Goths dépêchent des représentants auprès des autorités romaines. Que voulaient donc ces barbares ? Mais l’asile politique bien sûr ! L’empereur le leur accorda et l’armée romaine fit passer des dizaines de milliers de personnes (guerriers, femmes, enfants et vieillards tout ensemble) sur le territoire de l’Empire.
Trente-quatre ans plus tard, à la fin du mois d’août 410 après Jésus-Christ, ces mêmes Goths (ou plus vraisemblablement leurs descendants, on mourrait jeune en ce temps-là) s’emparent de Rome. Faut-il en conclure que l’Empire romain a été détruit par ceux-là même qu’il a accepté d’accueillir ? En d’autres termes, la chute de Rome est-elle le résultat malencontreux d’une vaste opération humanitaire qui aurait échappée au contrôle de Rome ? Bien évidemment, les millions de réfugiés qui se pressent aujourd’hui aux portes de l’Europe font de cette histoire vieille de plus de mille six cents ans un événement d’une brûlante actualité. Et ce d’autant plus que – implicitement le plus souvent, explicitement parfois – hommes politiques et journalistes vont puiser dans l’histoire de la chute de Rome des images et des références propres à séduire un électorat inquiet ou un lectorat volage…
Si l’Histoire ne se répète jamais, il arrive qu’elle bégaye parfois selon la belle formule de Maurice Druon. Que peut donc nous apprendre l’étude de ce demi-siècle plein de bruits et de fureur ? Qui étaient vraiment les barbares ? Que voulaient-ils et quels étaient leurs liens avec Rome ? Et Rome ? Comment l’Empire a-t-il fait face à ce péril ? Avec quelles forces s’est-il défendu ? Quelles faiblesses l’ont miné ? Voici quelques-unes des questions auxquelles cette conférence se propose de répondre en s’appuyant sur une source incomparable : le récit des évènements – parfois détaillé heure par heure ! – que rédigea le dernier des grands historiens romains, Ammien Marcellin.
Repères chronologiques : Les invasions barbares
Au IIIe siècle de notre ère, l’Empire romain fut confronté à une
première série d’attaques menées par les peuples barbares établis à ses
frontières. Après un demi-siècle de lutte sans merci, les empereurs-soldats
réussirent à redresser la situation. bLe répit ne fut pourtant que de courte durée. En effet, aux IVe et Ve siècles, l'avancée des barbares reprit
sous forme d'attaques répétées contre les frontières de l’Empire romain. Ces invasions étaient la
conséquence d’une série de migrations de tribus causée par la poussée d’un
peuple nomade venu d’Asie : les Huns. Dans ce processus long de plusieurs siècles, quelques
épisodes illustres se dégagent :
IVe siècle : le début
des « Grandes Invasions »
Les
Grandes Invasions commencèrent véritablement avec l’entrée des Ostrogoths à l’intérieur de l’empire romain. Chassés de leur territoire
(l'actuelle Russie méridionale) par les
Huns venus d'Asie Centrale, les Ostrogoths infligèrent en 378 à Andrinople une
cuisante défaite aux troupes impériales… le désastre fut d’autant plus complet
que l’empereur périt avec son armée ; son successeur Théodose Ier reprit la
lutte avec opiniâtreté
mais il fut contraint d’accepter l’installation des Ostrogoths en Thrace. Pour
sauvegarder les apparences, ces derniers étaient qualifiés d’alliés, en latin
foederati ou fédérés…
397 : l’avancée des
Wisigoths
Après la mort de Théodose en 395, l'Empire romain fut divisé entre
ses deux fils, Honorius et Arcadius qui régnèrent sous l’influence de généralissimes
barbares comme Stilicon et Rufin. Dans le
même temps, le roi wisigoth Alaric mena une guerre personnelle contre l'Empire
romain d'Orient au terme de laquelle il parvint à obtenir le commandement de
l'Illyrie (actuels Balkans) en 397.
406 : les barbares franchissent le Rhin
En 401, poussé par l’Empereur d’Orient, Alaric décida d'attaquer
l'Occident. Les opérations qu’il mena alors dans la péninsule italienne obligèrent
les troupes impériales à dégarnir les frontières du Rhin et du Danube pour protéger
Rome et l’Italie. Mais au
Ve siècle, les Huns imprimèrent une nouvelle secousse aux peuples Barbares
cantonnés aux frontières de l'Empire et, en décembre 406, le Rhin
gelé fut franchi par des bandes de Vandales, de Suèves et d'Alains qui dévastèrent
la Gaule avant d'occuper l'Espagne. Ces premiers envahisseurs furent suivis par
les Francs et les Burgondes, qui se lancèrent à leur tour à la conquête de la
Gaule.
410 : le pillage de Rome
Le généralissime Stilicon réussit momentanément à contenir les assauts
d’Alaric en Italie mais son assassinat, en 408, priva Rome de son dernier
défenseur. Deux ans plus tard, en 410,
Rome fut prise et pillée. Le sac de la "Ville éternelle" eut un
immense retentissement dans tout l’Empire.
450 - 451 : invasion
de la Gaule par les Huns
Quarante ans après le premier sac de Rome et après avoir soumis les
peuples barbares restés aux abords de l’Empire, Attila,
le roi des Huns, décida d’envahir à son tour l’Empire romain alors en pleine
décomposition. En 451, ses cavaliers
pénétrèrent en Gaule mais le général romain Aetius parvint à repousser leurs attaques lors
d’une grande bataille.
451 : la bataille des
Champs Catalauniques
Devant l’ampleur du danger que représentait l'invasion hunnique,
Aetius mit sur pied une armée composée de 60 000 soldats romains mais également
francs, wisigoths et burgondes. Les 50 000 guerriers d’Attila furent vaincu
après une rude bataille en un lieu appelé les Champs Catalauniques, situé entre
Troyes et Châlons-en-Champagne. Cette victoire avait coûté cher aux alliés des Romains : le
roi wisigoth Théodoric y périt cependant que les guerriers Francs y furent
presque tous exterminés…
Ve siècle : la
constitution des principautés barbares
Au cours du Ve siècle, les peuples fédérés se taillèrent
progressivement à l’intérieur de l’Empire des royaumes indépendants du pouvoir
central : l’Empire était peu à peu
démembré de l’intérieur. Les Francs s’implantèrent fermement sur le
territoire de la Belgique et des Pays-Bas actuels avant de s’étendre jusqu'à la
Somme. Quant aux Burgondes, longtemps cantonnés autour du Lac de Genève, ils
étendirent leur territoire jusqu'à Lyon et Langres dès 457. Enfin, les
Wisigoths s'assurèrent la domination de toute la Méditerranée occidentale.
476 : la fin de
l’empire romain d’Occident
Rome fut encore pillée deux fois en l’espace de
20 ans. En 476, le roi Odoacre déposa le dernier empereur romain
d'Occident, Romulus Augustule. Pourtant, son règne
fut bref car, encouragés par Zénon, l'empereur d'Orient, les Ostrogoths
envahirent à leur tour l'Italie.
L’Empire romain d’Occident avait alors cessé
d’exister pour laisser la place à une mosaïque de royaumes romano-barbares.